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4D+
Toucher. Proximité. Immédiateté. En réponse à ces besoins refreinés à cause de la pandémie actuelle, Sidi Larbi Cherkaoui revisite 4D (2013) dans lequel il explorait les différentes facettes et dynamiques du couple à travers quatre duos. En réexaminant et recontextualisant ses thèmes, le spectacle est repensé au présent et renaît en 4D+. L’extension du titre fait allusion au résultat positif d’un test, à la valeur croissante d’une action en bourse ou à la présence d’une nouvelle dimension encore à découvrir et définir. Pas quatre, mais cinq duos constituent cette soirée. Cinq duos isolés contraints dans leur propre narration, mais chacun faisant partie de ce même monde théâtral. Un monde où – comme dans le monde réel, rien n’est complètement isolé et où chaque petit détail peut transformer la perception du passé ou donner un sens à ce qui arrive.
Matter est une séquence clé de la pièce Origine (2008). C’est un hymne tendre et joyeux à la solitude de l’existence du XXIe siècle et au culte toujours grandissant du consumérisme, où nos plus étroites relations ne seraient pas avec des êtres humains, mais avec les objets qui nous entourent, ces objets qui se tiennent entre nous et un gouffre de vide affectif.
Pure a été créé pour le lieu spécifique d’un festival, sur les plages d’Oostende, et a également fait partie de TeZukA (2011). Cherkaoui explore les enjeux de la pureté et les préoccupations écrasantes qui y sont liées. Il interroge si purifier un corps peut le faire disparaître et si la pureté absolue ne signifie pas qu’il ne reste finalement plus rien.
Prenant pour point de départ la dualité asymétrique mais inévitable entre débiteur et créditeur, Cherkaoui a spécialement créé Debt comme pièce centrale de 4D+. Deux businessmen explorent les dynamiques de pouvoir au sein de leur relation, alors qu’ils dépendent l’un de l’autre pour monter et broyer des affaires. Mais ils sont pris dans un cercle vicieux, qui maintient l’illusion d’une croissance économique infinie dans un monde limité.
Sin a été créé en 2010 pour la pièce Babel(words) de Sidi Larbi Cherkaoui et du chorégraphe franco-belge Damien Jalet. Le duo explore l’opposition d’Eros et de Thanatos, ou l’instinct de vie contre celui de mort dans l’intimité du couple. L’instinct destructeur de la passion, la toxicité qui peut survenir au sein du couple, la recherche de la domination, et le déséquilibre entre deux personnes... Toutes ces choses trouvent leur place au sein de la relation.
Pour finir, Sidi Larbi Cherkaoui revisite le conte de Stéphane Mallarmé dans Faun, créé en 2009 à l’occasion de l’hommage du Théâtre Sadler’s Wells pour le centenaire des Ballets russes de Sergei Diaghilev. Cherkaoui place ce duo comme une réflexion sur les énergies doubles, découvrant et ravivant chacune, et l’inévitable harmonie, l’unisson, alors que l’une fusionne l’autre et que les deux deviennent un indissociable tout. Douze ans plus tard, Cherkaoui choisit une danseuse pour interpréter le faune, et alors, on mesure combien les marqueurs de genre sont fluctuants, superflus, quand ils ont fait face à la jeune ferveur qui célèbre la vie.