Project /
Faun
Le spectacle Faun a pour point de départ spécifique la volonté de créer une pièce autour du danseur James O’Hara. À l'occasion des célébrations du centenaire des Ballets Russes auxquelles participait le Sadler’s Wells Theatre à Londres, celui-ci a invité Sidi Larbi Cherkaoui à travailler sur des pièces de leur répertoire ou à s'en inspirer. Cherkaoui a opté pour L'après-midi d'un faune, la chorégraphie de Nijinski autour du poème de Stéphane Mallarmé Le prélude à l'après-midi d'un faune, sur une composition impressionniste de Claude Debussy. Nijinski s’est inspiré de figures dessinées sur des vases de l'antiquité grecque. Fortement bidimensionnel, très classique, nonobstant audacieux et à connotation sexuelle, le ballet a provoqué une fameuse controverse à l’époque.
En travaillant avec James O’Hara, Cherkaoui a surtout voulu se concentrer sur le fait que le faune est mi-animal mi-humain. Ses mouvements sont plus sauvages, viscéraux et insouciants. La danseuse Daisy Phillips fait son entrée sur scène telle une nymphe, profondément enracinée dans la forêt. Si l'interaction du faune et de la nymphe est innocente, elle demeure toutefois traversée de la tension sexuelle présente dans la chorégraphie originale de Nijinski : espièglerie enfantine et archaïsme de vieilles âmes se mêlent. Afin de donner à la musique une tonalité inattendue et plus contemporaine, moins déterminée par la culture et l'époque, Cherkaoui a demandé au compositeur Nitin Sawhney d’entrecouper la composition de Debussy de son propre langage musical. Ainsi, la musique glisse de manière quasi imperceptible vers un autre style, une autre culture, un autre siècle. Hussein Chalayan a conçu les costumes de ces deux créatures pour lesquelles il a élaboré des tenues d’apparence naturelle et organique, néanmoins très synthétique, qui en font tant des archétypes éternels que des créatures du présent.