Le Grand Théâtre de Genève a invité Sidi Larbi Cherkaoui à créer une pièce pour sa compagnie de ballet. Le spectacle Loin a donné lieu à un carrefour où se croisent de nombreuses différences, où s'effacent les distances. Die Rozenkranzsonaten, de Heinrich Ignaz Biber Franz, une composition qui date du XVIIe siècle, interagit avec les mouvements contemporains chorégraphiés par Cherkaoui et son assistant Nicolas Vladyslav. Le décor de Wim Van de Cappelle, qui se compose d'un énorme mur de style mauresque entouré de tentures flottantes, fait face aux costumes d'inspiration japonaise d'Isabelle Lhoas. Toutes ces différences parviennent néanmoins à converger en une unité esthétique.

Loin tente d'aborder le sujet de la distance. Pour se rendre de Suisse en Chine, il faut traverser tant d'autres cultures. Le choc culturel d'une tournée en Chine, les histoires stupides d’aliénation, de répugnance et de cafards contrastent avec les mouvements raffinés de Yanni Yin, une danseuse chinoise de la compagnie. Elle est la seule à pouvoir témoigner des beautés cachées de sa patrie d'origine et de sa culture, qu'elle exprime dans une langue que nous ne comprenons pas. À la fin du spectacle, le danseur Manuel Vignoulle empile les corps de tous les danseurs et compose une sculpture humaine en forme de globe au sommet duquel il se dresse ensuite pour scruter le monde au-delà de l'horizon, en direction de l'avenir.