À la demande du festival d'Avignon et en coproduction avec le Tanztheater Wuppertal de la regrettée Pina Bausch, Sidi Larbi Cherkaoui a créé Tempus Fugit en réponse à l'obscurité de Foi. Cette fois, Cherkaoui s'est focalisé sur la migration des oiseaux et des humains, sur le cours naturel du temps et de la gravité, et a donné au spectacle un ton et un rythme très différents, infiniment plus légers et plus candides, comme un dessin d'enfant.

Dans une forêt de poteaux que l'on peut escalader et qui suggère à la fois des arbres, une station de métro ou des tourniquets, des jeunes gens, encore enfants à en croire leurs vêtements, grandissent rapidement et se transforment en icônes de la migration – des personnages hauts en couleur, d'une grande diversité culturelle, tous très distincts les uns des autres. Mouvements circulaires et gravitation, humour et amour sont les clés de leur interaction. Weshm, le partenaire musical, ranime des traditions musicales méditerranéennes dans un esprit contemporain. L'artiste de cirque Ali Ben Lotfi Thabet introduit la technique chinoise de l'escalade du mât. Danses tribales et folkloriques se fondent, fantaisies bollywoodiennes et tango émergent, et l'on a même droit au frisson d'un baiser éternel entre Lisi Estaràs et Cherkaoui en personne. La distribution bigarrée ne s'impose aucune limite et ne craint pas de jouer la surdose, avec humour et harmonie toutefois.