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Babel 7.16
Particulièrement pour la 70e édition du Festival d'Avignon, les chorégraphes Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet ont créé une nouvelle version de leur Olivier primé spectacle Babel(words), qu’ils ont transposé à la Cour d'Honneur du Palais des Papes sous la titre de Babel 7.16. Dix nouveaux artistes ont été ajoutés au spectacle, dix nouveaux personnages qui font le scénario encore plus riche et complexe.
“Babel 7.16: réactualisation ou recréation? Aujourd’hui, pour les chorégraphes Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet, il ne s’agit plus de voir la pièce dans les mêmes dispositions qu’en 2010 pour le triptyque composé avec Foi et Myth. L’extension du titre en est l’incarnation: 7.16 fait autant référence aux codes des logiciels qu’aux versets d’un texte sacré, à une date contemporaine qu’au pouvoir d’une numérologie archaïque. La pièce convoque le choc des langues et des corps porteurs de différentes nationalités, la diversité et la difficulté à coexister et confronte l’unicité à la communauté. Elle questionne le rapport au changement quand la technologie modifie constamment empathies et connexions. Babel 7.16, tout comme la pièce originale, met en scène des danseurs qui partagent avec humour leurs héritages immuables mais en métamorphose constante. Danser cette contradiction, c’est comme explorer les mots par le corps, éviter l’écueil de l’indicible grâce au geste et à l’action. Dans le mythe initial, il est dit que Dieu ne voulait pas partager son territoire; les hommes, eux, voulaient se rapprocher de Lui. «Le partage est une décision, une attitude, face aux événements traumatiques notamment. Ces instants où l’extrême solidarité se confrontent à la peur du partage.» En réunissant l’intégralité des danseurs qui ont fait de Babel(words) une référence chorégraphique, les deux chorégraphes issus d’une Belgique flamande et francophone, divisée et unitaire, ont placé la masse, l’histoire et le territoire dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes. Dans le centre des centres, là où les murs continuent à raconter des histoires de prérogatives et d’immuabilité du pouvoir et de la religion mais subliment et accueillent le vivant dans sa complexité. ” - Moïra Dalant pour le Festival d’Avignon 2016